01/08/2021 : Massimo Introvigné :https://bitterwinter-org.translate.goog
Colette : J’étais passée à côté de cette info, et comme tout ce qui concerne la miviludes et ses mensonges et aberrations sont intéressantes, j’ai voulu palier à ce manque. N’oublions pas que cet organisme intègre les évangéliques comme secte et qu’elle fait un amalgame de tout, oui il y a des sectes, mais elle ne fait pas son travail quand elle met tout le monde « dans le même panier »
Elle confesse maintenant qu’elle a diffusé des statistiques anciennes de plus de dix ans et déjà controversées à l’époque.
La mission gouvernementale française avoue aujourd’hui s’être appuyée sur des chiffres vieux de dix ans (et controversés).
Si vous suivez la presse française, vous avez probablement lu qu’à cause de COVID-19, les « sectes », une vieille obsession en France, prolifèrent plus que jamais. En fait, il y a maintenant 500 « sectes », avec 500 000 « victimes », dont 50 000 à 90 000 sont des « enfants ». Ces chiffres invraisemblables ont été repris par les médias français, et même mentionnés au niveau international.
Les vérificateurs de faits (fact-checkers) des médias fiables ont probablement montré à première vue comme légèrement étranges. Pourtant, ils ont été certifiés par une institution gouvernementale, la MIVILUDES, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Grâce à ce cachet gouvernemental, ceux qui ont repris ces chiffres dans les médias se sont fourvoyés.
Malheureusement pour ces médias et la MIVILUDES, il existe en France des lois similaires au FOIA (Freedom of Information Act) américain permettant aux citoyens d’accéder aux documents du gouvernement sous certaines conditions. L’ONG CAP-LC (Coordination des associations et des particuliers pour la liberté de conscience) a reçu un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC (Conseil économique et social) des Nations Unies a utilisé ces lois pour demander à la MIVILUDES d ‘où provenaient ces statistiques.
Le 19 juillet 2021, la MIVILUDES a répondu, et la lettre a maintenant été publiée par le magazine français Rebelle(S) . Il s’agit d’une lettre très surprenante dans laquelle la MIVILUDES admet qu’elle ne dispose pas de statistiques récentes et qu’elle ne s’appuie que sur des documents anciens, datant parfois de 25 ans.
Pour les « 500 sectes », la MIVILUDES affirme que le chiffre est tiré du rapport controversé de 1995 établi par une Commission parlementaire française sur les « sectes ». En réalité, ce rapport recense 173 « sectes » et, comme l’explique la lettre, le chiffre de 500 inclut les « filiales ».
Inclure les « filiales » reviendrait à prétendre qu’il existe en France des dizaines de milliers de religions en considérant chaque paroisse catholique comme une religion. Plus important encore, la liste de 1995 a été tellement critiquée et même ridiculisée que la MIVILUDES elle-même a déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne s’y référait plus. Mais, elle l’a fait pour créer l’alarme par des statistiques bidon.
Le nombre de 500 000 « victimes » des « sectes », dit la lettre, arrondit le nombre de 460 000, qui proviendrait du apport annuel d’activité de la MIVILUDES de 2010 , , c’est-à-dire d’il y a 11 ans répond. En fait, ce commentaire montre que la MIVILUDES lit mal ses propres documents.
Dans le rapport 2010, page 253, on lit, dans une séance consacrée à la Nouvelle-Calédonie, qu’on ya trouvé « 60 000 adeptes des groupes sectaires », ce qui signifie que la Nouvelle-Calédonie, alors qu’elle représente moins de 4 % de la population nationale française, concentre 20 % du nombre total des membres de sectes en France, évalués entre « 300 000 et 400 000 sur l’ensemble du territoire français ».
Si 60 000 est présenté comme un pourcentage du total, cela signifie que le chiffre est inclus dans le total. 60 000, c’est 20 % de 300 000, ce qui signifie que le rédacteur de la partie du rapport consacré à la Nouvelle-Calédonie a considéré le chiffre le plus bas comme moins incroyable que le chiffre le plus élevé, 400 000.
Cherchant un moyen de justifier son chiffre actuel de 500 000, la MIVILUDES en 2021 a pris le chiffre le plus élevé de 2010 (400 000) et a ajouté les 60 000 de Nouvelle-Calédonie (qui en fait étaient déjà comptés comme faisant partie des 300 000 ou 400 000), en prétendant inexactement que le rapport de 2010 parlait de 460 000 « membres des sectes », et un arrondi le chiffre à 500 000.
Les médias aiment les ronds chiffres après tout. Comme dans des cas similaires, la section sur la Nouvelle-Calédonie du rapport 2010 ne fournit aucune source ni preuve pour le chiffre de la Nouvelle-Calédonie et pour le chiffre national.
Enfin, la lettre indique que le chiffre de 50 000 à 90 000 « mineurs » de « sectes » ajuste le chiffre de « 35 000 à 100 000 » d’un rapport publié il y a 15 ans , en 2006, sur l’influence des « sectes » sur la santé physique et mentale des mineurs. Aucun étudiant de premier cycle ne pourrait s’en tirer avec un rapport d’étude « ajustant » de manière créative des statistiques vieilles de dix ans. Le rapport de 2006, en tout cas, présentait ses chiffres comme conjecturaux, déclarant que le nombre réel « reste difficile à évaluer » .
Le document de 2006 précise que « L’évolution même des mouvements à caractère sectaire rend difficile toute appréhension plus précise du nombre de mineurs concernés », pages 21 et 22. Une fourchette « entre 35 000 et 100 000 » montre qu’il ne s ‘agit même pas d’une véritable statistique, mais qu’elle est fondée sur les déclarations de quelques témoins, qui n’ont pas expliqué leurs sources ni leur méthodologie.
En résumé, nous savons maintenant, non pas grâce aux critiques de la MIVILUDES, mais grâce à la MIVILUDES elle-même, qu’elle ne dispose d’aucune statistique sur les « sectes », et que les chiffres qu’elle mentionne présentent de documents de 1995, 2006 et 2010, qui ne sont même pas cités correctement et ne peuvent évidemment rien dire de la situation actuelle.
Ces documents ont été largement critiqués par les universitaires lors de leur publication, et proposaient des chiffres incroyables basés sur les déclarations d’un petit nombre de témoins et de sources qui n’étaient pas mentionnés ou qui n’existaient peut-être même pas.
Les fausses statistiques, comme nous l’avons appris lors de la crise du COVID, constituant une partie particulièrement dangereuse des informations fallacieuses. Elles sont intolérables lorsqu’elles sont diffusées par les médias, et deviennent un scandale public lorsque des institutions gouvernementales sont encouragées.
