30 octobre 2022 – https://www.bvoltaire.fr/Kevin Tanguy

La France compte désormais un ambassadeur aux droits LGBT. Nommé vendredi 28 octobre, Jean-Marc Berthon, inconnu du grand public, assumera cette responsabilité.

« Il devra porter la dépénalisation universelle de l’homosexualité et s’assurer qu’on inverse la tendance à l’échelle de la planète, qui n’est pas du tout favorable à l’heure actuelle »,

indiquait Elisabeth Borne, en juillet dernier. Le premier ministre a également décidé d’allouer un budget de trois millions d’euros pour créer dix nouveaux centres d’accueil LGBT+.

️‍Fier de porter la voix de notre pays en faveur des droits des personnes Lgbt+. En finir avec la répression de l’homosexualité et de la transidentité est un grand combat. Merci à @EmmanuelMacron, @Elisabeth_Borne, @MinColonna de le placer au cœur de notre diplomatie. https://t.co/cq8z2NKHBB

— Jean-Marc Berthon (@BerthonJeanMar2) October 27, 2022

Un profil plus techno que militant

À 56 ans, Jean-Marc Berthon ressemble plus à un haut fonctionnaire technocrate qu’à un militant acharné. Avant de travailler avec Emmanuel Macron, l’homme a effectué un long parcours au sein de la diplomatie française.

Il entre en 1996 au Quai d’Orsay, poursuit en 2009 sa mission au cabinet du ministre Bernard Kouchner où il œuvre pour la création de l’Institut français – qui a pour objectif de promouvoir la culture française à l’étranger.

Un an après l’accès au pouvoir de l’actuel Président, il le conseille sur les droits de l’homme, les relations avec la société civile ou encore la francophonie. Sa seule expérience liée aux LGBT remonte à la période où il travaillait au cabinet du ministre délégué chargé de la Citoyenneté.

« J’ai œuvré, aux côtés de Marlène Schiappa, contre les thérapies de conversion, pour accroître le nombre de places dans les lieux d’hébergement pour les demandeurs d’asile LGBT+ ou pour mieux inclure les couples homoparentaux dans les démarches administratives », indique-t-il sur son profil LinkedIn.

Des ambassadeurs thématiques, mais pour quoi faire ?

Jean-Marc Berthon fait désormais partie des « ambassadeurs thématiques », une fonction elle aussi inconnue du grand public qui suscite, du reste, des interrogations sur son utilité et son efficacité.

Les lecteurs de Boulevard Voltaire se souviennent sans doute que Ségolène Royal s’était vu attribuer le poste d’« ambassadrice des pôles » en 2017. Elle aussi faisait partie de ces « ambassadeurs thématiques ».

Il y a deux ans, la sénatrice UDI de l’Orne, Nathalie Goulet, alertait sur ce sujet dans l’Obs :

« Il y a deux types d’ambassadeurs thématiques. Les anciens issus du Quai d’Orsay qui, n’ayant pas d’affectation dans des postes à l’étranger, se voient confier des missions spécifiques. Et puis, il y a une deuxième catégorie, celle des « amis » à qui on veut faire plaisir, nommés de façon arbitraire. Le cas de Ségolène Royal est symptomatique : c’était du recyclage absolu. »

Sur le site de France Diplomatie, la France compte une vingtaine de ces mystérieux « ambassadeurs thématiques », parmi lesquels un ambassadeur pour le sport, un  autre aux investissements internationaux, un autre encore est en charge des migrations, un autre de la santé mondiale….

Les moyens alloués à ces fonctions posent question dans une période où plus que jamais les dépenses de l’État sont contraintes : selon Capital, en 2019, la fourchette de rémunération brute annuelle des ambassadeurs thématiques variait ainsi de 118.576 euros à 268.399 euros euros — 123.000 euros en moyenne —, a indiqué le Quai d’Orsay aux rapporteurs spéciaux.

C’est un peu moins que ce que perçoit l’ambassadeur « classique ». Selon un rapport sénatorial de 2020, le coût moyen annuel d’un ambassadeur est de 186.000 euros, si l’on prend en compte les éléments de rémunération, les frais pris en charge par le ministère et les personnels mis à la disposition de ces ambassadeurs thématiques.

Ce qui n’est pas rien… Ce rapport notait aussi « que le suivi de l’activité de ces ambassadeurs était défaillant et devait être amélioré ». Nous sommes en 2022, on imagine que cette suggestion sénatoriale a été suivie d’effet…