19 avril 2021 : Patricia Duval – bitterwinter.org

Colette : Encore Marlène Schiappa, décidément elle n’aime pas les chrétiens. Avec la loi sur le « séparatisme » et ces décisions sur les croyances, la France voudrait vraiment se débarrasser des croyants et des chrétiens en général. Qu’est-ce qui sera sectaire ou pas selon les normes gouvernementales ? Et appuyer sur la délation, sommes-nous revenus en 1940 ?

Le Seigneur a dit de relever nos têtes lorsqu’on dirait du mal de nous, alors soyons prudents et fiers d’être critiqués pour le beau nom de Jésus.

La mission gouvernementale anti-secte que son ancien membre, le sociologue Olivier Bobineau, dénonçait comme une «police des esprits» recevra 1 million d’euros par an.

Le 9 avril 2021, la ministre déléguée française à la Citoyenneté au ministère de l’Intérieur, Marlène Schiappa, a été interviewée par France Info. Elle a annoncé que la MIVILUDES, la mission interministérielle de surveillance et de lutte contre les dérives sectaires, qui fait désormais partie du ministère de l’Intérieur, connaîtra une sorte de renouveau.

Après la disparition progressive de la MIVILUDES ces dernières années, notamment depuis 2015, où la priorité était donnée à la lutte contre le terrorisme islamiste, Schiappa a désormais décidé de multiplier son budget actuel par dix, pour atteindre 1 million d’euros par an.

Cette annonce faisait suite à la publication d’un rapport de la MIVILUDES en février 2021, et à la publication d’une nouvelle circulaire sur la politique anti-secte française en mars.

Rapport de la MIVILUDES de février 2021

Le rapport contient principalement des généralités sur la lutte contre les déviances sectaires, car la Mission n’a pas voulu citer des noms ou des groupes spécifiques, soit en raison de procédures judiciaires en cours, soit pour éviter d’être accusée de stigmatisation.

Cependant, un inventaire des «nouvelles tendances des déviances sectaires» était joint au rapport. Bien que le rapport mentionne que seulement 25% des plaintes reçues en 2019 étaient liées à des croyances religieuses, l’inventaire contient une section sur les «mouvements religieux», où les Témoins de Jéhovah sont accusés d’avoir profité de la crise sanitaire liée à Covid- 19 pratiquer un «prosélytisme abusif» auprès de la population française, par courrier et e-mail.

Il mentionne également que les nouvelles Églises évangéliques prôneraient «des valeurs contraires à celles de la République française», y compris la diabolisation de l’homosexualité.

Une nouvelle circulaire pour intensifier la répression basée sur les dénonciations

Le 2 mars 2021, M. Schiappa a publié une nouvelle circulaire à tous les hauts fonctionnaires de la police sur la «politique française de lutte contre la déviance sectaire».

Il donne des instructions pour la détection des «situations à haut risque», sur la base des rapports reçus de «personnes liées à celles soumises à l’influence indue de groupes sectaires, ou en train d’y être soumises, qui pourraient s’inquiéter et faire part de leurs préoccupations. : famille, voisins, amis, enseignants ou collègues, professionnels de la santé, travailleurs sociaux, culturels, sportifs ou de loisirs, etc. »

Le but de «dénoncer» une personne est, selon le ministre, de «permettre, si nécessaire, sa protection et celle de la société». M. Schiappa précise que «les règles du secret professionnel ne sont pas systématiquement incompatibles avec le signalement d’une situation identifiée comme problématique».

Apparemment, le ministre estime que les professionnels devraient être exemptés des règles du secret professionnel et déposer ces rapports, bien que la violation du secret professionnel soit une infraction pénale en France.

Selon elle, cette politique fondée sur les dénonciations s’inscrit dans la «lutte contre toutes les formes de séparatisme».

Les déviances sectaires sont alors considérées comme aussi dangereuses que les autres formes de séparatisme, y compris l’extrémisme «islamiste», que la nouvelle loi actuellement votée par le Parlement vise à contrer.

C’est pourquoi elle recommande de porter plainte contre les «sectes» de l’article 212-1 du code de la sécurité intérieure, qui permet la dissolution des groupes armés et des milices par l’exécutif.

Cet article a été modifié dans la nouvelle proposition de loi pour permettre la dissolution de groupes incitant à la haine ou à la discrimination fondée sur le sexe ou l’orientation sexuelle. Les évangéliques étant accusés d’homophobie par la MIVILUDES, cet article peut devenir applicable à eux.

Rechercher plus de poursuites

La circulaire donne également des instructions pour renvoyer systématiquement aux cas signalés par le Procureur de «simple soupçon de pratiques déviantes». Il recommande d’utiliser les fichiers de la MIVILUDES (constitués de dénonciations et d’articles de presse désobligeants) pour «enrichir les rapports transmis aux autorités judiciaires».

Non seulement cette ingérence de l’exécutif (MIVILUDES) sur le pouvoir judiciaire porte atteinte aux droits fondamentaux, crée un déséquilibre entre l’accusation et la défense, et viole le principe de la présomption d’innocence, mais l’instruction de poursuivre «de simples soupçons» de «déviances sectaires »Pose un problème sérieux, en raison du flou et du caractère arbitraire de cette notion.

Une «déviance sectaire» est définie dans la circulaire comme une action qui peut «porter atteinte à la liberté de pensée, d’opinion ou de religion, portant atteinte à l’ordre public, aux lois et règlements, aux droits fondamentaux ou à la sécurité ou à l’intégrité de l’individu». Tout cela constitue une «influence indue».

Une «déviance sectaire», selon la MIVILUDES, se caractérise par la mise en œuvre par un groupe organisé ou un seul individu, quelle que soit sa nature ou son activité, de «pressions ou techniques destinées à créer, maintenir ou exploiter un état de sujétion psychologique ou physique , en privant les individus d’une partie de leur libre arbitre, avec des conséquences préjudiciables pour eux, leurs proches ou la société. »

Selon cette définition, toute minorité religieuse réputée avoir des croyances «déviantes» peut être accusée d’influence indue et de créer un état de sujétion psychologique. Les nouveaux adeptes peuvent être considérés comme ayant perdu leur libre arbitre lorsqu’ils adhèrent à ces croyances.

La notion de perte du libre arbitre pour les adultes à pleine capacité mentale qui ont choisi des croyances «non politiquement correctes» est en contradiction avec les fondements fondamentaux du droit civil. Cela revient à invalider un choix librement fait en matière religieuse ou spirituelle.

Considérer que les adeptes ont perdu leur libre arbitre ouvre également la porte à la criminalisation du prosélytisme. A cet effet, l’annexe 2 de la circulaire donne une liste de critères de signalement au procureur, parmi lesquels «le prosélytisme: le mode de recrutement des suiveurs, le temps investi, le ciblage spécifique, l’infiltration, l’utilisation d’un site Internet».

Le prosélytisme des Témoins de Jéhovah peut alors être qualifié d ‘«abusif» par la MIVILUDES puisqu’ils considèrent qu’il constitue une «infiltration» (entrisme) et une «pratique déviante».

Cette approche constitue une violation flagrante de la liberté de religion ou de conviction protégée par les traités relatifs aux droits de l’homme dans lesquels la France s’est engagée.

Dans sa décision de 1995 Kokkinakis c.Grèce , la Cour européenne des droits de l’homme n’a constaté aucune violation lorsque des témoins de Jéhovah grecs ont appelé leur voisin à discuter de questions religieuses avec elle, car cet acte, de l’avis de la Cour, relevait de «porter témoignage chrétien , »Et était donc protégé par l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme.

La police de l’esprit

La MIVILUDES semble jouer le rôle d’une police de l’esprit, par son pouvoir de distinguer les croyances et pratiques «déviantes» ou «non déviantes».

Olivier Bobineau est sociologue des religions et maître de conférences à l’Institut catholique de Paris et à l’Institut des sciences politiques (Sciences-Po). Il a démissionné en 2005 de son poste de conseiller scientifique à la MIVILUDES et a été de janvier 2006 à janvier 2011 associé scientifique du directeur du Bureau Central des Cultes au Ministère de l’Intérieur.