Nicky raconte ainsi son expérience de la conversion :

« L’amour est la clé. » C’est facile à dire, mais je crois que ces mots auront le même effet sur des cœurs solitaires qu’ils ont eu sur le mien. Oui, j’avais besoin de quelqu’un qui m’aimerait tel que j’étais, un jeune voyou dans les rues de New York. Non, il m’était impossible d’aimer quiconque avant de me sentir aimé moi-même et en sécurité. Si l’on m’avait vraiment aimé et accepté tel quel, il y a bien des chances que je ne me serais pas senti si seul. Belles suppositions que tout ceci pour les milliers de personnes solitaires qui ne voient aucun espoir d’amour dans leurs vies.

Par exemple, les jeunes dans les gangs de New York de douze à dix-huit ans proviennent en général de parents alcooliques, de prostituées, ou de gens très pauvres qui ne voulaient pas d’eux en premier lieu. Ils sont entrés dans le monde sans avoir été désirés. Très jeunes ils se sont sentis réprouvés pour des raisons qu’ils ne pouvaient comprendre, et les cicatrices du rejet dont ils furent victimes s’approfondirent avec chaque année qui passait. Qui peut aimer ces inadaptés? Qui veut les aimer?

Il n’existe dans le monde entier qu’une seule perspective d’espoir pour ces gens. Passons maintenant à un point de vue plus large. Peu ‘importe le degré d’amour ou de rejet que nous connaissions, la condition la plus solitaire que l’humanité connaisse est celle qui consiste à être privé de Dieu. Oui, l’amour est bien la clé. L’amour de Jésus Christ, dont je ne savais rien, était mon seul espoir. Mais, pour que cet espoir devienne réalité, il a fallu qu’il y ait de l’amour dans le cœur d’un être humain, qui est entré dans mon univers obscurci pour traduire ce message en termes que je puisse comprendre.

Cela s’est produit ainsi… « Nicky, Jésus t’aime. »

Trois fois, j’avais entendu cette déclaration de mauvaise augure, émanant d’un homme que nous surnommions tous « le pasteur maigrichon ». Je connaissais son véritable nom. La première fois que je l’avais aperçu à l’école située juste en face de mon appartement, il s’était dirigé droit vers moi, en présence d’une multitude constituée par des membres de gangs; il avait tendu la main en disant: « Nicky, je m’appelle David Wilkerson. Je suis un pasteur de Pennsylvanie ».

Je m’étais contenté de le regarder d’un air fixe et de dire: « Allez au diable, pasteur ».

Sans se laisser démonter, cette petite mauviette chétive avait continué: « Je suis venu te parler de Jésus, Nicky. Il t’aime vraiment ».

J’eus la sensation d’un animal piégé sur le point d’être mis en cage. Derrière moi, il y avait la foule. Devant moi, il y avait le visage souriant de cet homme maigrichon qui parlait d’amour. Personne ne m’aimait. Personne ne m’avait jamais aimé. Alors que je me tenais là, debout, mes souvenirs remontèrent dans le passé pour s’arrêter aux jours lointains, où j’avais entendu ma mère me dire: « Je ne t’aime pas, Nicky ». Je pensais : « Si ma propre mère ne m’aime pas, alors personne ne m’aime, ou ne m’aimera jamais. »

« Approche-toi de moi, pasteur, et je te tue, » m’étais-je écrié en ‘reculant pour retrouver la protection de la foule. J’avais peur et je ne savais pas quoi faire.

Ma seconde rencontre avec lui eut lieu le même jour; peu après la première. Effrayé, je me précipitai à travers la foule, j’empoignai ma petite amie Lydia, et m’éloignai de l’école dans la rue St Edward. Une fois en sécurité dans le sous-sol, où les Maus-Maus passaient leur temps, je mis le tourne-disques à plein volume, et me mis à danser avec Lydia. Pourquoi ne parvenais-je pas à couvrir le son de ces trois petits mots stupides : « Jésus t’aime »?

Bientôt, je me rendis compte qu’il y avait quelqu’un à la porte. En levant les yeux, j’aperçus le même pasteur maigrichon à l’entrée. Dans ce sous-sol crasseux, sa présence en chemise blanche, costume et cravate impeccables, paraissait vraiment déplacée.

« Où est Nicky? » demanda-t-il à un des garçons.

En faisant un signe de tête dans ma direction, Israël, mon meilleur ami s’empressa de quitter la pièce. Wilkerson la traversa comme si elle lui appartenait. Le visage éclairé d’un grand sourire, il avança encore la main dans ma direction et dit: « Nicky, je voulais simplement te serrer la main… »

Sans lui laisser le temps de finir, je le frappai durement au visage. Puis, je lui crachai dessus.

« Nicky, on a aussi craché sur Jésus », poursuivit avec obstination cette personne.

« Sortez d’ici ! », hurlai-je, et je le poussai vers la porte.

Avant de partir, il dit : « Nicky, je veux simplement te dire encore que Jésus t’aime. »

« Sortez d’ici, imbécile de prêtre. Vous ne savez pas de quoi vous parlez. » Je hurlais à pleins poumons.

« Je vous donne vingt-quatre heures pour déguerpir des lieux, ou sinon je vous tuerai ! »

En se dirigeant vers la porte, tout en souriant, il répéta avec calme: « Souviens-toi, Nicky, Jésus t’aime. »

Ce cinglé ne savait-il pas que je pouvais vraiment le tuer? Je le regardai s’éloigner sur le trottoir. Il n’est pas près de m’effrayer, pensai-je. Personne n’est près de m’effrayer. Mais tout ce que je parvenais à entendre dans mon esprit, c’était la voix de ce pasteur maigrichon qui répétait sans cesse: « Nicky, Jésus t’aime »

Ma troisième rencontre avec lui eut lieu le lendemain matin de bonne heure. Toute la nuit, je m’étais tourné et retourné dans mon lit en regardant le plafond. J’avais fumé cigarette sur cigarette. Je n’arrivais pas à me reposer. Je ne pouvais dormir. Je fis tout pour faire taire cette voix, mais ces mots me résonnèrent dans la tête pendant toute la nuit. « Nicky, Jésus t’aime. Jésus t’aime ». Enfin, j’allumai la lumière et consultai ma montre: 5 heures du matin. Inutile de continuer à essayer de m’endormir. Je me levai, m’habillai, ramassai mes cigarettes, descendis les trois étages, et ouvris la porte d’entrée du bâtiment.

Le ciel commençait à se colorer de gris. De loin, je percevais les bruits de la grande ville, qui s’éveillait en baillant et s’étirait. Je m’assis sur les marches, et me pris la tête entre les mains. « Jésus t’aime… Jésus t’aime… Jésus t’aime. »

Une voiture s’arrêta et une portière claqua en se fermant. Lorsque ma tête lasse se releva, et que mes yeux fatigués se concentrèrent, le même pasteur maigrichon se tenait devant moi.

Il plaça la main sur mon épaule, et sans se départir de son sourire, il me dit: « Salut, Nicky!

Tu te souviens de ce que je t’ai dit hier soir? Je voulais venir te dire une fois encore, en passant, que Jésus t’aime ».

J’en avais assez. Je me relevai d’un bond et essayai de lui donner un coup de poing. Il recula hors de ma portée; je lui jetai un regard flamboyant de colère, comme un animal prêt à bondir. Wilkerson me regarda droit dans les yeux et me dit:

« Tu pourrais me tuer, Nicky. Tu pourrais facilement me couper en mille morceaux et les étaler dans la rue, mais chaque morceau crierait encore que Jésus t’aime ».

Privé de tout moyen de défense, je le regardai fixement.

« Tu as peur, n’est-ce pas, Nicky? Tu en as assez de ton péché, et tu es solitaire. » Il parlait tranquillement, mais avec grande force et conviction. « Jésus t’aime quand même », ajouta-t-il.

Comment savait-il que j’étais solitaire? C’est tout juste si je le savais. Quand il parlait de péché, je ne savais pas à quoi il faisait allusion et j’avais peur d’admettre ma crainte. Mais comment savait-il que j’étais solitaire? Le gang était toujours avec moi. J’avais toutes les filles que je pouvais désirer. Les gens avaient peur de moi. Lorsqu’ils me voyaient arriver, ils descendaient sur la chaussée pour m’éviter. J’avais été le chef du gang. Comment était-il possible à quiconque de penser que j’étais solitaire? Et cependant, je l’étais. Et à présent ce pasteur le savait.

« Vous vous figurez que vous allez me changer aussi facilement que ça? » fis-je, en faisant claquer mes doigts. Ignorant ma remarque insolente, il poursuivit comme s’il n’y avait eu aucune interruption. « Nicky, tu n’as pas beaucoup dormi la nuit passée, n’est-ce pas? »

Abasourdi, je me demandai comment il savait cela. « A dire vrai, tu sais, je n’ai pas beaucoup dormi la nuit dernière moi non plus, poursuivit Wilkerson. Je suis resté éveillé la plus grande partie de la nuit à prier pour toi. Et je veux te répéter, Nicky, que quelqu’un s’intéresse vraiment à toi. C’est Jésus. Il s’arrêta quelques instants, puis ajouta avec un air de conviction et un ton d’autorité. Le jour est proche, Nicky, où l’Esprit de Dieu va te prendre en main, et où tu vas cesser de t’enfuir pour accourir vers lui. »

Au fond de mon cœur, je savais qu’il disait la vérité. Je savais aussi que je me battrais jusqu’au bout. Je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais été un bagarreur pendant trop longtemps pour abandonner la partie si rapidement.

Sans dire un mot, je me levai, lui tournai le dos, pénétrai dans le bâtiment encombré d’ordures, et refermai la porte derrière moi. Après avoir gravi l’escalier conduisant à ma chambre et y être entré, je m’assis sur mon lit et regardai par la fenêtre.

« La vie a-t-elle vraiment une autre signification que tout ceci? Est-ce que quelque chose, ou quelqu’un, est capable de noyer cette solitude insupportable? »

Je cherchai plus avant en moi, mais aucune réponse ne se faisait jour. Vue de l’extérieur, la vie continuait comme avant, mais je savais que tout avait changé et que mon existence ne serait plus jamais la même.

Deux semaines passèrent, sans que je revoie Wilkerson, mais ses paroles perçantes continuaient à essayer d’entrouvrir mon cœur fermé. Je me mis à me douter qu’Israël, mon meilleur ami dans le gang, voyait en secret ce pasteur détesté. Il ne cessait de me rabattre les oreilles à son propos. Toutes les fois que je voyais Israël, il disait quelque chose à propos de Dieu.

Vers le milieu de cet été torride, Israël vint m’annoncer une grande réunion que Wilkerson organisait à l’arène St Nicholas. En fait, Wilkerson en avait parlé à Israël, et il avait personnellement invité les Maus-Maus à s’y rendre. Il allait envoyer un car pour nous amener, et nous réserverait une section spéciale aux premiers rangs. Israël et moi venions en tête du défilé, et tout le monde se retournait pour voir quelle était la cause de cette perturbation. Nous étions « sur scène » et nous en profitions au maximum.

Le chahut éclata bientôt sans retenue au sein de cette foule. L’arène était presque pleine et, en regardant autour de moi, je vis partout des membres appartenant à des gangs rivaux. Une bataille rangée était possible. Une chose était certaine, je ferais de mon mieux pour la favoriser.

Lorsque l’on se mit à jouer de l’orgue, plusieurs des gars et des filles qui se trouvaient dans les premiers rangs grimpèrent d’un bond sur la scène et commencèrent à se donner en spectacle: les filles en roulant des hanches à qui mieux mieux au rythme de la musique, et les garçons en dansant le boogie-woogie autour d’elles. Des applaudissements déchaînés, des sifflements et des cris d’approbation remplirent le lieu. La situation devenait incontrôlable.

A cet instant précis, une fille se dirigea vers le centre de la scène, et se tint derrière un microphone en attendant que le bruit s’atténue. Il s’amplifia au contraire. La fille se mit à chanter malgré tout, en dépit du fait qu’il était impossible de l’entendre. Elle termina sa chanson et quitta nerveusement la scène.

Alors Wilkerson apparut et s’avança vers le micro. Une accalmie momentanée, due à l’attente, s’abattit sur la foule, et il en profita vite pour commencer à parler: « Aujourd’hui, je vais demander à mes amis, les Maus-Maus, de recueillir l’offrande. »

Je ne pouvais en croire mes oreilles. Il était décidé à nous faire confiance, à nous, tout en connaissant notre mauvaise réputation en matière d’argent! Le public se mit à rire tout haut et à applaudir. Cela allait être la plus grosse blague de toutes.

Me relevant d’un bond, je fis signe à certains des types du gang. « Allons-y », leur intimai-je d’un geste. Six d’entre nous montèrent les escaliers pour aller s’aligner en face du devant de la scène. Une grande boîte en carton ayant contenu de la glace nous fut distribuée à chacun, tandis que Wilkerson nous recommandait de nous tenir devant l’estrade pendant que les gens s’avançaient pour donner leur offrande.

« Lorsque ça sera fini, faites le tour derrière ce rideau » nous dit-il en nous le montrant du doigt, « et avancez vers la scène. Je vous y attendrai pour que vous m’apportiez l’offrande. » .

Mon premier mouvement fut de prendre l’argent et de disparaître derrière ces rideaux. Ce serait de l’argent facilement gagné et en outre, tout le monde s’y attendait Cependant, un sentiment étrange commençait à me saisir au fur et à mesure que les gens, en défilé ininterrompu, remontaient l’allée centrale et les bas côtés pour venir déposer leur offrande, de l’argent qu’ils n’étaient pas obligés à donner dans les cartons. Je ne me souvenais pas que l’on m’ait déjà fait confiance pour quoi que ce soit, pas même lorsque j’étais petit. Quelqu’un avait confiance en moi maintenant, et cette confiance allumait une étincelle en moi. Au fur et à mesure que l’étincelle se faisait plus chaude, elle touchait mon cœur, et pour la première fois depuis des années, je me sentis bonne conscience. Ce sentiment était agréable.

Ce fut bien mieux lorsque je m’avançai vers la scène pour tendre l’argent à Wilkerson. « Merci, Nicky, je savais que je pouvais compter sur toi. » Wilkerson sourit en me prenant le carton des mains. Le fait de choisir le bien plutôt que le mal semblait comporter sa propre récompense.

J’étais étonné.

Wilkerson se mit à prêcher. Au début je ne pouvais pas entendre ce qu’il disait. J’étais trop occupé par la sensation de chaleur intérieure qui semblait s’étendre à tout mon être, et pendant un certain temps la nouveauté de cette expérience absorba complètement mon attention.

Soudain, cependant, je commençai à entendre. Lorsque Wilkerson m’avait tout d’abord dit que Jésus m’aimait, je ne savais pas vraiment qui était Jésus. Maintenant, il racontait l’histoire de Jésus-Christ. C’était la première fois de ma vie que j’entendais cette histoire, d’où Il venait, ce qu’Il avait fait, la guérison des malades, comment Il avait redonné la vue aux aveugles, nourri les multitudes, comment on L’avait rejeté, comment Ses ennemis avaient payé quelqu’un pour le poursuivre, comment on L’avait crucifié. J’étais captivé! Je me mis à revivre la vie de Jésus, peu conscient de la présence de qui que ce soit dans cet auditorium, hormis Jésus et moi! Comme je haïssais ces crapules qui l’avaient trahi et tué! Je voulais me battre pour Jésus-Christ, tuer ses bourreaux.

Pour la première fois, je pris pleinement conscience du fait que moi, je méritais la mort, mais que Lui méritait la vie. Il n’était que pureté, honnêteté, vérité, et moi, j’étais un menteur, un bon à rien, un rejeté, un moins que rien. Le Saint-Esprit commença quelque chose en moi, toute l’atmosphère était chargée d’une puissance qui me fut insupportable.

Puis j’entendis une voix qui semblait venir d’un autre monde dire que les Maus-Maus étaient prêts à se battre. « Pas de panique, dis-je, d’un ton bourru. Personne ne va se battre maintenant ». Après un moment, j’eus l’impression que quelqu’un d’autre à l’intérieur de moi ajoutait: « Cet homme a raison. Ça m’échappe, mais nous allons écouter ». Tout le monde se rassit.

Je regardai tout autour de moi, et la gloire du Seigneur semblait avoir subjugué toute l’atmosphère. St Nicholas était une grande salle que l’on utilisait principalement pour les matches de catch et de boxe, mais, à présent, on aurait dit que Dieu avait pénétré avec tous Ses anges et avait exercé Son autorité dans ce lieu, en chassant toutes les forces mauvaises qui y résidaient. On voyait des chrétiens commencer à s’unir, des têtes se pencher dans la prière, et des mains se tendre vers d’autres mains. Comme l’action du Saint-Esprit se faisait manifeste, on se mit à prier pour David Wilkerson, qui cherchait ses mots.

« Il est ici, Il est ici, » disait-il. Et chaque personne présente dans cette immense arène le savait. Il venait tout juste de parler de l’amour que Dieu avait manifesté en envoyant son Fils mourir pour nous. « Nous nous plaignons pour le moindre petit tort que l’on nous cause, déclara-t-il avec force. Pensez à Jésus. Il ne fit jamais le moindre mal à personne, cependant Il reçut une couronne d’épines sur la tête et porta sur le dos une lourde croix. Il aurait pu appeler dix mille anges à Sa rescousse s’ Il l’avait voulu. La seule fois où Il a ouvert la bouche après avoir été cloué sur cette croix, cela fut pour pardonner à un voleur qui se trouvait à Ses côtés et qui méritait la mort. Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis, a-t-Il dit à ce voleur coupable. Jésus était meurtri dans Son corps, cependant, en mourant, ce fut de nous qu’Il s’inquiéta. »

Une force d’une puissance inconnue agissait en moi, et je semblais entraîné malgré moi par un courant auquel je ne parvenais pas à résister. Je ne pouvais contrôler mes émotions, mes actions, mes pensées, ni même mes paroles. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui se passait en moi.

Puis, j’entendis Wilkerson parler de la repentance. A cet instant-là, je vis à nouveau toute ma vie défiler devant mes yeux. Je me sentais presque détaché des scènes qui se projetaient devant moi, et cependant je savais que ce n’était pas le cas. Je fermai les yeux en voyant les mensonges que j’avais dits, la souffrance que j’avais infligée à d’autres personnes, les vols que j’avais commis, les luttes sanglantes, les agressions à coups de couteau, les filles, la luxure, les coucheries, la haine que j’avais ressentie pour mes parents. Mes parents!

« Comme cette vie humaine est dure lorsqu’on n’a pas de but pour vivre, » pensai-je. A ce moment, j’essayai de comprendre pourquoi ma mère m’avait détruit par sa haine. Puis soudain je compris que durant tout ce temps je m’étais trompé, que le portrait que j’avais fait d’elle devant tout le monde était faux, et cela me laissa bouche bée.

J’entendais tout autour de moi les gens pleurer, et Israël, qui se trouvait à côté de moi, se mouchait bruyamment. Quelque chose de vraiment mystérieux se produisait. Wilkerson dit avec un nouveau ton d’autorité dans la voix:

« Que ceux qui veulent recevoir Jésus-Christ pour être changés se lèvent et s’avancent. »

Sur le champ, Israël se leva d’un bond, en annonçant: « Les gars, je m’avance. Qui est-ce qui vient avec moi? » Vingt-cinq ou trente Maus-Maus répondirent à cet appel. .

« Viens donc, Nicky, » m’implora-t-il, comme je restais assis.

D’un geste de tête négatif, je fis non. Israël continua à insister, et finalement je me levai et descendis l’allée centrale en compagnie des autres.

Lorsque nous sommes arrivés devant, les larmes ruisselaient sur le visage d’Israël, alors qu’il disait à Wilkerson: « Je veux que vous priiez pour moi. Je veux recevoir Christ dans ma vie ». Wilkerson congédia l’assemblée et nous emmena au sous-sol pour prier avec nous.

Tandis que Wilkerson priait pour tout le groupe, je l’observais les yeux ouverts. Je pouvais ressentir sa sincérité, sa compassion et sa tendresse. Il était clair qu’il aimait vraiment Jésus-Christ, et que l’amour de Jésus parvenait jusqu’à nous. Ce type n’avait rien d’un charlatan.

« Nicky, je prie pour toi jour et nuit depuis quinze jours, me dit enfin Wilkerson. Permets-moi de prier avec toi. Jésus désire t’aider, ôter ta solitude, vivre en toi, te rendre fort, t’amener à t’aimer et même à aimer tes ennemis. » Ces paroles furent trop fortes pour moi. J’avais envie de pleurer, mais je me mordis les lèvres afin que la souffrance m’empêche de répondre. Je me tournai délibérément avec l’intention de partir, mais, à ce moment précis, le Saint-Esprit s’empara complètement de moi.

Quinze ou seize de ces types, des durs à cuire, des vicieux, que je n’avais jamais vus dans un moment de faiblesse, tombaient à genoux et pleuraient. Je jetai un coup d’œil à Carlos, ce bagarreur sanguinaire, insensible, vicieux, qui n’avait jamais ressenti de compassion pour personne et voilà qu’il pleurait et appelait:

« Jésus, Jésus, Jésus. » Puis je jetai un bref coup d’œil à Israël, qui semblait noyé dans ses propres larmes. Je dis à mon meilleur ami: « Qu’est-ce qui ne va pas?

« Je viens de donner ma vie à Jésus, Nicky, et je ne me sens plus seul, dit Israël, le visage rayonnant. Je me sens si bien, Nicky. »

Je commençai à me sentir envieux. « Je ne me sens plus seul » , avait dit Israël. Ma propre solitude se mit à me peser lourdement, et une force formidable s’empara de moi. D’un seul coup, je tombai à genoux et me mis à pleurer. Je n’avais pas pleuré depuis l’âge de huit ans, mais à présent, le barrage se rompit, les vannes s’ouvrirent, et ce fut littéralement une averse de larmes qui me coula sur les joues. Mon cœur se sentait puni par tout un fardeau de culpabilité, et je me sentais honteux, embarrassé, accablé. Je me couvris le visage afin que personne ne me voie pleurer, mais les larmes roulèrent entre mes doigts, me lavant à la fois le visage et les mains. J’avais si mal à la poitrine que je pouvais à peine respirer. Je me sentais indigne.

En sanglotant, je sentis tout mon univers s’effondrer, mais en même temps je me rendis compte que quelqu’un le reconstruisait à neuf, le restaurait. C’était comme si l’on m’avait transporté dans la salle d’opération, étendu sur le billard et endormi; Jésus avait pratiqué une incision et m’avait ouvert la poitrine, Il avait ôté mon cœur ancien pour le remplacer par un cœur nouveau.

La paix la plus merveilleuse que j’aie jamais connue remplit ce cœur nouveau, et bien que la journée fût lourde et chaude, de l’eau glacée semblait se déverser sur moi, et je me sentis rafraîchi. Mon esprit fut guéri. Instantanément, tous les souvenirs de mon passé furent purifiés, et j’eus l’impression que je venais tout juste de sortir du sein de ma mère et de renaître. Je m’écriai tout haut:

« Je ne sais pas qui tu es, Jésus-Christ. Tu dis que tu m’aimes. Est-ce que tu m’aimes? Est-ce que tu m’aimes vraiment? Oh, Dieu, je ne crois même pas à l’amour. Je ne sais pas ce qu’est l’amour. Est-ce que tu es amour? Mon esprit est si embrouillé, mais je sais que tu es vraiment ici. Je ne sais quoi faire ni quoi dire. Tout ce que je peux te dire, c’est, est-ce que tu veux bien, s’il te plaît, m’aider, me pardonner, oh, pardonne-moi. »

Puis, je sentis qu’Il me disait en mon for intérieur: « Oui, Nicky, je t’aime. » Dans ce lieu même, lI me remplit d’un pardon et d’un amour que je n’avais jamais connus. Je me sentis si bien que je me mis à rire et à pleurer tout à la fois. Certains des gars coururent vers moi pour m’embrasser.

Je m’avançai enfin vers le pasteur, l’étreignis, et lui dis que je savais que Jésus m’aimait parce que je pouvais sentir Sa présence dans mon cœur.

« Oh, Nicky!, s’exclama David. C’est le paradis, c’est le royaume de Dieu. Tu ne vas plus jamais cheminer seul, tu ne vas plus jamais souffrir dans ton coin. Dieu est ton Père céleste, et Il sera avec toi dans tous les orages que tu traverseras, dans tous les doutes, toutes les craintes, tous les sentiments d’insécurité que tu connaîtras, Il sera là dans toutes les circonstances ».

Avant que je ne quitte l’arène Saint Nicholas ce soir-là, qui remonte à tant d’années, David Wilkerson me donna une Bible, une grosse Bible qui semblait peser 10 kilos. Lorsque je sortis dans la rue, j’étais une personne toute nouvelle, avec Jésus dans mon cœur et une grosse Bible noire dans les bras. »

3ème partie : Église tiède, réveille toi : vidéo YouTube